Fidèle à mes habitudes, je profite du mois de décembre pour faire le bilan de l’année en cours. Dans cet article, je vous propose 4 recueils de poésie dont on n’a pas assez parlé en 2019 (à mon humble avis!).
Quand je dis 4 recueils de poésie dont on n’a pas assez parlé en 2019, ça n’a rien de scientifique. Je me rends simplement compte qu’on pourrait parler davantage de ces 4 recueils de poésie!
Bonnes découvertes!
Les 4 recueils de poésie de ma chronique à l’émission Première loges à CKRL :
- En chaloupe dans l’crushed stone : un recueil de poésie dont vous êtes le héros | Alexandre Deschênes | L’écrou
- Les grandes fatigues | Isabelle Dumais | Le Noroît
- Mangeurs de pemmican | Marilyn Dumont (traduction de Sylvie Nicolas) | Hannenorak ➡️ Cliquez ici pour lire mon article.
- Nous sommes tous différents et nous sommes tous beaux | Misuzu Kanéko (traduction de Valérie Harvey) | Québec Amérique
« 2. Navire marchand
Dans une chaloupe
de conteneurs vidés de rien
des barils remplis d’oublis
des tonneaux pour alcoolos
des boîtes d’infertilités
des confettis de nouveaux divorces
des miettes d’avortements
et des poussières de d’ssour de littesla traversée s’annonce belle.
Ça se place un peu, tu montes dans ton embarcation après t’être assuré(e) que tu manques de tout. Tu t’apprêtes à donner tes premiers coups de pagaies dans l’crushed stone tout en dépliant ta voile. Tu rêves du Nord. Chemins d’une Jamésie qui te rappelle un coucher de soleil, dans le blanc de tes yeux qui t’eut ému(e) plus d’une fois… Celle de tes non-souvenirs, de la route de l’imposture. Et le vent n’est pas au rendez-vous. La voile se laisse choir sur le mât. Les rames se secouent dans la roche que tu ne pensai pas si dense. Et tu navigues, et tu avances sur les calloutis à un rythme Gymnopédique vers le 35. »
En chaloupe dans l’crushed stone : un recueil de poésie dont vous êtes le héros | Alexandre Deschênes | L’écrou
« Dans ce pays il faut grandir
s’allonger à la verticale
très haut
et bouger bouger bouger.Ainsi tous s’allongent
en géants étendus aux muscles très souples.Plier est permis s’il s’agit
Les grandes fatigues | Isabelle Dumais | Le Noroît
de ramasser quelque chose de neuf
ou d’utile. »
« Pour tout dire nos gesticulations m’agacent.
Les divertissements m’assomment
LES GRANDES FATIGUES | ISABELLE DUMAIS | LE NOROÎT
nos déferlements me barbent
les animations m’ennuient
aux fêtes foraines qui bouclent les failles
je n’achète plus de ticket. »
« Il fallait donc grandir
s’allonger à la verticale
très loin en l’air
et bouger bouger bouger.Si grande je m’étourdis
mes mains claquent
ma voix porte trop
ces étirements où l’on dore nos têtes
embrochées près des soleils
me soûlent et
l’allongement élevé nous perd
dans les crachoirs des dieux.Fléchir me semble dès lors
LES GRANDES FATIGUES | ISABELLE DUMAIS | LE NOROÎT
un bien beau projet. »
« L’infiniment grand s’active
l’infiniment petit s’agite
entre les deux : mon corps.C’est le décalage magistral une arythmie totale
LES GRANDES FATIGUES | ISABELLE DUMAIS | LE NOROÎT
le vertige d’un empire empesé qui se rêve ruines
pour qu’on lui foute la paix. »
« Frétiller par moments
à l’assaut des beautés
retomber aussitôt
asséchée.Comment faites-vous
LES GRANDES FATIGUES | ISABELLE DUMAIS | LE NOROÎT
pour tenir vos corps
en apesanteur
si longtemps? »
« Nous faisons des efforts
pour déplier haut
parfois le corps casse.Moulue par mes projets et
rompue par mes élans
j’affaiblis mes ouvrages.Les labeurs exaltés ont le destin petit.
Êtes-vous aussi brisés par endroits? »
LES GRANDES FATIGUES | ISABELLE DUMAIS | LE NOROÎT
« Cher John, je suis encore là
MARILYN DUMONT (TRADUCTION DE SYLVIE NICOLAS) | MANGEURS DE PEMMICAN | ÉDITIONS HANNENORAK
toujours aussi métissée
après toutes ces années
toi, t’est mort et, le plus drôle c’est que
cette voie de chemin de fer à laquelle
tu tenais tant « d’un océan à l’autre »
on parlait de la fermer l’an passé ou du moins
de supprimer l’horaire de jour
tu sais quoi, John
après nous avoir tous déplacés à gauche à droite pour
accommoder les colons
on est encore là et… »
« Les abeilles et les dieux
Les abeilles se trouvent dans les fleurs
Les fleurs se trouvent dans les jardins
Les jardins se trouvent dans les murailles
Les murailles se trouvent dans la ville
La ville se trouve dans le Japon
Le Japon se trouve dans le monde
Le monde se trouve dans les dieux
Et puis, et puis, les dieux
Se trouvent dans les petites abeilles. »
Nous sommes tous différents et nous sommes tous beaux | Misuzu Kanéko (traduction de Valérie Harvey) | Québec Amérique
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Libraire, chroniqueuse culturelle et animatrice, ma vie tourne pas mal autour des livres!
(Ma vie tourne aussi pas mal autour de la radio. La preuve : je suis diplômée en animation radiophonique et je veux en vivre.)
Je lis de tout, et partout. Sur papier et sur ma liseuse numérique.
Je parle de mes lectures simplement, comme j'en parle avec mes amis devant un verre ou une tasse. Sentez-vous bien à l'aise de vous préparer un breuvage. 😉
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