[ + Audio 🎙 ] Je vous propose une expérience immersive sous la forme d’un roman qui fait parler de lui depuis sa sortie en 2016 et qui a gagné plusieurs prix. Mieux : 6 autres personnes recommandent ce roman dans cet article! Et en prime, je vous offre d’écouter une entrevue avec Stéphane Larue.
Connaissez-vous les coulisses du monde de la restauration? C’est un domaine qui m’était inconnu jusqu’à ce que je lise Le plongeur. Tout comme le jeu compulsif est un domaine que je ne connais pas autrement que par ce roman.
Pendant près de 600 pages, on se retrouve dans la tête du narrateur, un joueur compulsif endetté. Il se fait offrir de travailler comme plongeur dans un restaurant montréalais. Grâce à lui, on découvre le stress de la vie en cuisine et les tâches connexes d’un plongeur. Parce que oui, un plongeur ne se contente pas de laver la vaisselle.
« Il a lancé sur une des tables en stainless une dizaine de sacs d’épinards. Je devais les trier et les équeuter. Il est retourné dans le walk-in pour rapporter deux cartons cirés qu’il a jeté au pied de l’évier.
Épinards, laitues, roquette, calzones, focaccias et bruschettas (boules de pâte qui doivent lever une dernière fois avant d’être cuisinées). Laver les tables, laver les planchers, faire tremper les planches à découper…
« Faut que tu clanches ça en moins de vingt minutes si tu veux pas que ta vaisselle s’accumule trop. » »
Si je parlais d’expérience immersive en début d’article, c’est parce que l’auteur réussit à nous faire vivre ce que le plongeur vit.
« Au bout de dix minutes de frottage et de décrassage, j’étais presque aussi trempé que si on m’avait enfermé dans un lave-auto en marche. Mes mains se ratatinaient déjà dans la gibelotte du dish pit, le bout de mes doigts était éraflé par la laine d’acier, mes bras s’enlisaient jusqu’aux coudes dans l’eau brune et graisseuse. La vapeur d’eau faisait coller sur mon visage les miettes de nourriture et les éclats d’aliments calcinés qui revolaient sous le jet du gun à plonge. Je comprenais peu à peu pourquoi Dave voulait se débarrasser de ce travail. Mais ça faisait mon affaire, de ne pas avoir le temps de penser à mes histoires. Les assiettes, les marmites et les poêles crasseuses ne cessaient de s’accumuler peu importe la vitesse à laquelle je les récurais. Tout ça m’occupait la tête. Étrangement, j’avais l’impression de reprendre le contrôle de ma vie. »
Je l’imagine puer sa vie lorsqu’il termine son quart de travail.
« Je me suis enfermé dans les toilettes des employés pour me laver les bras et le visage. La pièce était si exiguë et le lavabo si minuscule que je devais me livrer à des acrobaties pour arriver à me décrasser un minimum. Mais rien n’y a fait. J’ai continué de me sentir huileux et puant. J’ai enfilé mes sous-vêtements secs avec un sentiment de délivrance. »
Avez-vous envie de prendre une douche? Si oui, c’est normal. Si non, lisez les autres descriptions dans le roman!
Pour ce qui est du jeu compulsif, c’est loin d’être glamour comme les joueurs de poker qui participent à de prestigieux tournois. Le plongeur joue sur les machines à sous dans les bars.
Encore une fois, nous ressentons ce que le personnage principal vit.
« Je me suis posté devant la machine sans enlever mon manteau ni prendre le temps de m’asseoir sur le tabouret. J’ai glissé un billet de vingt dans la fente. Je fondais sous mes vêtements. J’ai choisi Cloches en folie. Les premières donnes, j’ai joué en misant gros, mais je n’ai fait que des petits gains. Le tic-tac électronique des crédits qui fluctuent m’engourdissait jusqu’au bout des doigts. Ça faisait du bien. Ça bourdonnait dans ma tête. Je lévitais à cinq pouces du sol. En moins de vingt minutes, j’ai brûlé presque cent dollars. Toujours aucun gain, mais perdre ne me faisait rien. C’est jouer qui comptait. C’est de ça que j’avais besoin. »
« Je suis resté rivé à la machine avec l’impression de respirer plus profondément que jamais. Un deuxième billet de vingt y est passé. Il ne me restait plus que vingt dollars dans les poches mais, dans l’état de déni exalté où je me trouvais, vingt dollars me semblaient une fortune avec laquelle je pouvais vivre deux mois. J’ai fait monter lentement mes gains à soixante-dix dollars. Il était dix-neuf heures trente. J’avais une éternité devant moi. Je pouvais me rendre à cent dollars. C’était faisable. Je l’avais souvent fait. Si je me rendais à cent dollars, la journée serait parfaite. »
Certaines de ses fréquentations sont positives, d’autres sont négatives. Il peut compter sur son cousin Malik qui prend soin de lui et qui lui pardonne beaucoup de choses. Ce qui ne sera pas le cas de tous les gens qu’il trahit.
« Ce qui brûlait, c’est tout ce que je touchais. Argent, chums, amies, projets. Tout finirait par disparaître, je le savais. Mais je continuerais à jouer quand même. Pendant une seconde, j’ai eu envie de téléphoner à Malik, mais tard comme ça, il se serait beaucoup inquiété, il aurait été capable de partir de Trois-Rivières en pleine nuit. »
Une adaptation cinématographique de ce roman est en cours. C’est Francis Leclerc qui se charge de la réalisation. J’ai hâte de voir comment ce roman hyper réaliste va être transposé à l’écran. Va-t-on avoir envie de prendre une douche en le regardant au cinéma? Francis Leclerc m’a parlé du coup de cœur qu’il a eu pour le roman Le plongeur. Cliquez légèrement plus bas pour l’écouter. ⤵️
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5 (autres) auteurs recommandent ce roman
J’ai fait plus de 200 courtes entrevues avec des auteurs dans le cadre du Salon du livre de Montréal. Je leur demandais de recommander un livre et de dire pourquoi, avec leur cœur. Le plongeur est LE livre qui m’a été le plus souvent recommandé. Vous pouvez écouter les courts fichiers audio un peu plus bas.
Patrick Senécal, auteur de plusieurs romans, dont Hell.com et Aliss. ⤵
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Rodéric Chabot, auteur de la série Les péripéties de Roc Ringuette et président des Éditions Espoir en canne. ⤵
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Émilie Andrewes est entre autres l’auteure de La séparation des corps et de Conspiration autour d’une chanson d’amour. ⤵
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Olivier Niquet est l’auteur du recueil Dans mon livre à moi. ⤵
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Jonathan Reynolds est entre autres l’auteur de Terrificorama et de Épitaphes. ⤵
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Entrevue avec Stéphane Larue le 15 avril 2018
J’ai eu la chance de m’entretenir pendant presque 14 minutes avec Stéphane Larue pendant une émission spéciale de Les bouquins d’abord lors du Salon international du livre de Québec.
Nous avons entre autres discuté des origines du roman Le plongeur, du manuscrit de science-fiction sur lequel il travaillait au départ, de ses projets d’écriture et de l’adaptation cinématographique du roman Le plongeur par Francis Leclerc. Cliquez légèrement plus bas pour écouter cette entrevue. ⤵️
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Libraire, chroniqueuse culturelle et animatrice, ma vie tourne pas mal autour des livres!
(Ma vie tourne aussi pas mal autour de la radio. La preuve : je suis diplômée en animation radiophonique et je veux en vivre.)
Je lis de tout, et partout. Sur papier et sur ma liseuse numérique.
Je parle de mes lectures simplement, comme j'en parle avec mes amis devant un verre ou une tasse. Sentez-vous bien à l'aise de vous préparer un breuvage. 😉
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