Aimez-vous les histoires abracadabrantes et les contes à la Fred Pellerin? Si oui, Valérie Auclair vous suggère fortement de lire Le livre de bois de Jean-Philippe Chabot.
Par Valérie Auclair
Ce petit roman de 136 pages nous transporte dans le Québec d’antan, chantier de bûcheron et petit village inclus. On y suit l’aventure fantastique de Jacques Côté, dit Jacques Côté Descôteaux des ruisseaux à l’Anse Lebel, dit Côté d’à côté, dit Ti-Jacques, entre autres surnoms.
Le texte du quatrième de couverture ne fournit pas beaucoup d’indices sur l’histoire, mais il donne très bien le ton!
« Il y avait une fois Jacques Côté, bûcheron de métier et malchanceux en général. Une fois Jacques Côté qui rencontre au dehors une bête qu’il a en dedans.
C’est une fois, trois fois peut-être, l’histoire qui se répète d’une histoire qui ne se produit pas. Sous le ciel de l’hiver, une histoire ben terrible où gît un livre de bois. »
Après un presque épisode de chasse-galerie et une rencontre avec une bête sauvage qui n’en est pas une, Jacques Côté trouve un livre très spécial. Sa fascination pour l’objet tournera vite à l’obsession, à laquelle se mêlera son épouse, Colette Lachance.
Au travers de retours en arrière et de digressions typiques des conteurs traditionnels, le narrateur nous plonge dans un univers irrésistible, à la fois familier et impossible. La réalité des « campes » de bûcherons, des paysages sauvages, d’un mariage à la fois solide et fragile, des anecdotes de village… s’entremêle à la magie d’un livre toujours chaud et d’une impressionnante maîtrise de la langue.
En effet, l’auteur remporte haut la main le difficile jeu d’équilibre entre les registres familiers et littéraires, les styles écrits et oraux. Je vous avoue que j’ai parcouru les pages en imaginant les intonations tour à tour malicieuses et émerveillées de Fred Pellerin, et ça fonctionne très bien!
« Jacques Côté avait déjà mangé. C’est ce qu’on appellerait plus tard l’ellipse de l’œuf. La scène ne rimait à rien. Elle avait été pour l’ensemble un ramassis inutile de mots échangés et d’impressions sans relief, et je ne peux d’ailleurs dire qu’elle ne le fut par ma seule faute, car à trop chercher l’exactitude quand il suffirait de me borner à l’essentiel, souvent je me retrouve à farfouiller dans les périphéries. »
On a droit à quelques courts chapitres qui racontent des anecdotes sans lien avec Jacques Côté, mais tellement bien amenés qu’on en redemanderait!
J’ai aussi apprécié l’écriture presque phonétique des dialogues, qui ancre encore plus l’histoire dans son contexte du terroir.
« Pourquoi c’est toujours à lui que toute arrive, pourquoi pas à moé?
– Ben trouve-toi-z’en un beau grand livre, sa mére! »
L’hiver québécois avec sa tonne de neige, sa poudrerie et ses couches de vêtements à ne plus finir, est omniprésent dans le roman. Une excellente lecture pour cette saison! Quelques heures avec une boisson chaude et une couverture, et on décroche complètement de notre quotidien moderne. Ça donne même envie de partir dans le bois! À condition d’avoir le bon équipement, au contraire de Jacques Côté…
Le livre de bois
Jean-Philippe Chabot
Le Quartanier, série Qr
ISBN : 978-2-8969-8332-2
Valérie Auclair est la correctrice passionnée de la langue française derrière Les Mots clairs. Grande lectrice depuis toujours, la cause de l’alphabétisation lui tient à coeur. C’est donc avec plaisir qu’elle collabore en tant que rédactrice.
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Ah, ça me tente bien ça. Ce genre d’histoire et de construction me plait souvent.
Super! Bonne lecture, tu nous donneras ton avis 🙂