Le fameux timing. Je ne sais pas comment ça se passe pour les autres orientations sexuelles, mais pour les hétéros, l’amitié gars-fille n’est pas toujours simple. Il arrive souvent un moment où les choses deviennent compliquées, temporairement ou non. L’un développe des sentiments, l’autre n’en est pas là. Ça passe. Mais ça passe tu vraiment?
Cam et Max se sont rencontrés lorsqu’ils étaient en couple chacun de leur côté. Ils développent une complicité particulière, digne des plus grandes amitiés. Mais est-ce vraiment de l’amitié?
Plus le temps passe, moins ils osent. Et ce même lorsqu’ils se retrouvent célibataires en même temps. Pourquoi prendre le risque de détruire une si belle amitié, alors que les amitiés sont généralement plus durables que les amours?
Cam et Max prennent la parole en alternance, pour nous partager comment ils se sentent. Ils font plusieurs retours dans le temps et se remémorent les moments marquants de leur amitié et les moments où ils étaient sur la limite entre l’amitié et l’amour.
L’alternance entre les deux protagonistes est clairement indiquée. Ça m’est arrivé une fois de douter du narrateur et d’être allée vérifier au début du chapitre. Je mets cette légère confusion sur le compte de la fatigue!
Cam et Max ont une belle répartie, ce qui rend les dialogues savoureux.
Cam vit une certaine forme de culpabilité lorsqu’elle voit d’autres hommes.
« Max n’est pas mon chum, je n’ai pas à me sentir coupable. J’ai le droit de profiter du mini-high que la peau et la queue de Jordan m’ont procuré. Je sais, ça fait cru, dit comme ça, moi non plus je n’aime pas vraiment le terme. C’était quand même du cul pour du cul, ça ne sert à rien de rendre ça plus beau, de l’enrober de mots doux pour prétendre que ce n’était pas uniquement une recherche d’adrénaline pour oublier tout ce qui me déprime. Le problème, c’est que ça ne dure jamais bien longtemps, l’extase de baise-onguent, ces baises qui ne servent qu’à oublier ce qui fait mal. Ces baises-là, c’est comme de l’Antiphlogistine : ça engourdit en surface, mais ça ne guérit pas, quand le mal est profond.
Et moi, j’ai Max profond. Plus profond que ça, je ne le retrouverais jamais. »
L’allégorie des truites arc-en-ciel | Marie-Christine Chartier | Hurtubise
Décidément, cette relation n’est pas simple, peut-être parce qu’ils la compliquent?
Leurs réflexions sont sensibles et très crédibles de mon point de vue de fille qui a vécu des drôles de relations amicales par moment. Ça a l’air qu’on développe des sentiments à force de me côtoyer…
C’est aussi un roman sur la pression de faire le bon choix de carrière, pour soi et pour les autres. Le père de Max est déçu de la carrière qu’il a choisi et il ne se gêne pas pour lui faire sentir. Cam rêve d’être écrivaine, mais elle doute de ses chances de réussir dans ce domaine. Elle obtient une bourse de doctorat, ce qui la trouble au plus haut point plutôt que d’être une source de bonheur.
« Non, Max, j’ai pas le choix. J’suis étudiante, même mes dettes ont des dettes. Ou peut-être que je l’ai, le choix, ouais, j’ai le choix d’aller pelleter des nuages pour ensuite décrocher une job de crève-faim qui me mènera probablement jamais plus loin que les tables du café que je torche chaque semaine. Ou bien j’ai le choix de redescendre sur terre et de me bâtir une carrière respectée, avec un salaire décent, et probablement ne pas vraiment triper sur ma vie, mais au moins ne pas être dans la marde, ce qui est déjà pas mal mieux que ben du monde. »
L’ALLÉGORIE DES TRUITES ARC-EN-CIEL | MARIE-CHRISTINE CHARTIER | HURTUBISE
À lire pour la sensibilité du roman et pour les dialogues savoureux.
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Libraire, chroniqueuse culturelle et animatrice, ma vie tourne pas mal autour des livres!
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