[ + Audio 🎙 ] J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Marie-Hélène Vaugeois, propriétaire de la Librairie Vaugeois, pendant environ une heure à l’émission Bouquins & Confidences. Dans cet article, je vous résume les grandes lignes de notre entretien et vous offre d’écouter l’émission en différé.
Cliquez sur ▶ légèrement plus bas pour écouter l’émission. ⤵
Les débuts de la Librairie Vaugeois
La Librairie Vaugeois a été fondée en 1974 par Laure Vaugeois, la mère de Marie-Hélène. Sa mère était infirmière. Lorsqu’elle a décidé de retourner sur le marché du travail après avoir été maman à la maison, elle a eu envie d’ouvrir une librairie.
Marie-Hélène avait 6 ans lors de l’ouverture de la librairie. Elle passait beaucoup de temps à jouer dans la librairie lorsqu’elle était jeune. Elle connaissait les meilleures cachettes. Cachettes qui ne sont plus accessibles aux enfants aujourd’hui.
La librairie était située au 1300 Maguire. Elle est déménagée au 1354 Maguire, avant de revenir au 1300 Maguire, son lieu actuel.
Marie-Hélène la libraire
Marie-Hélène a commencé à travailler à la Librairie Vaugeois à temps partiel à 16 ans. Elle a travaillé chez Industrielle Alliance suite à ses études en cinéma. Elle a ensuite travaillé chez Septentrion (maison d’édition fondée par son père) comme lectrice de manuscrits, tout en travaillant à la Librairie Vaugeois. Puis, elle part vivre à Londres au début de la vingtaine. Elle retourne travailler à la Librairie Vaugeois dès son retour au Québec. Au fil du temps, ses tâches évoluent graduellement. Tellement graduellement qu’elle n’est pas capable de mettre une date sur le moment où elle a repris la librairie.
Les qualités d’un bon libraire
En quelques mots, voici les qualités d’un bon libraire :
- Être à l’écoute.
- Ne pas imposer ses choix.
- Bien comprendre les besoins du client.
- Aimer les gens.
- Lire.
- Être capable de s’informer et de faire des recherches.
- Être capable de se faire une opinion même si on n’a pas lu le livre.
Marie-Hélène développe ces qualités dans l’entrevue à Bouquins & Confidences.
Mythes sur la vie des libraires
Est-ce qu’un libraire lit tous les livres? Non, puisque la production est beaucoup trop grande. Un bon libraire sait se forger une opinion sur des livres qu’il n’a pas lu.
Est-ce qu’un libraire a le temps de lire sur ses heures de travail? Non. Il y a beaucoup de choses à faire en librairie! Il faut recevoir les livres et les classer. Il faut élaguer et retourner les livres aux distributeurs. Il faut reclasser les livres et faire du ménage. Et surtout, il faut servir les clients!
Les habitudes de lectrice de Marie-Hélène
Marie-Hélène essaie d’être une lectrice normale lorsqu’elle lit, afin de garder le même regard que ses clients. Elle essaie de lire avant de dormir, mais parfois, le sommeil arrive rapidement. Elle ne prend pas de notes pendant sa lecture. Si elle doit faire une chronique sur une de ses lectures, elle fouille dans le livre lorsqu’elle a terminé de le lire. Sa bonne mémoire visuelle l’aide à se repérer. Aussi, elle plie les pages de ses livres.
Elle a élaboré une théorie avec l’auteure Sylvianne Blanchette, ancienne libraire à la Librairie Vaugeois : plus un livre est abîmé, plus il est bon! Êtes-vous d’accord?
Qu’est-ce qu’une librairie indépendante?
La Librairie Vaugeois est une librairie indépendante. Qu’est-ce qu’une librairie indépendante? Chaque succursale est gérée indépendamment des autres et a sa propre personnalité. Les choix des employés sont mis en évidence.
Quelle est la personnalité de la Librairie Vaugeois? L’emphase est mise sur la littérature québécoise depuis ses débuts. La littérature québécoise est ce qu’on voit en premier chez la Librairie Vaugeois.
Parlant de littérature québécoise, nous avons discuté de l’événement Le 12 août, j’achète un livre québécois. Cet événement qui fait la promotion de la littérature québécoise est de retour pour une 5e année.
Chez la Librairie Vaugeois (et dans toutes les librairies du Québec selon moi), c’est une des meilleures journées de l’année. Cliquez ici pour en savoir plus sur cet événement.
L’association des libraires du Québec
Marie-Hélène s’est impliquée pendant 8 ans au conseil d’administration de l’Association des libraires du Québec, dont 3 ans comme présidente. Il y a environ 10 ans, le milieu du livre ne se portait pas aussi bien que maintenant. De plus, le livre numérique créait des incertitudes. Marie-Hélène nous a d’ailleurs partagé ce qu’elle imaginait comme avenir pour les librairies. Heureusement, les livres papier sont encore très présents.
Maintenant, elle s’implique au conseil d’administration de la coopérative des Librairies indépendantes du Québec.
Le prix unique du livre
Très important : le prix unique du livre, ce n’est pas le même prix pour tous les livres. Par prix unique, il faut plutôt comprendre que le prix d’un livre serait le même partout, au moins pour une période donnée.
Le prix unique du livre est en vigueur dans d’autres pays, dont la France et la Belgique.
La loi 51 sur le livre
La Loi sur le développement des entreprises québécoises dans le domaine du livre, aussi connue sous le nom Loi 51 sur le livre a été, et est encore, très pertinente. Cette loi, en vigueur depuis 1979, oblige les bibliothèques à s’approvisionner dans les librairies agréés. Jadis, les bibliothèques québécoises allaient en France pour se procurer des livres (imaginez les délais pour obtenir des nouveautés au Québec).
Les bibliothèques doivent se procurer des livres dans au moins 3 librairies agrées de leur région, ce qui permet aux librairies de s’assurer un revenu supplémentaire. Pour les bibliothèques, les achats au Québec permettent un plus grand dynamisme et une plus grande diversité dans les ouvrages.
Cette loi a permis de mettre un terme à la guerre des prix et aux soumissions en-dessous des coûts, en plus de maintenir et de développer une belle bibliodiversité.
Le paysage littéraire québécois a beaucoup évolué depuis 1979.
« À mon arrivée au ministère des Affaires culturelles [en 1978], Montréal compte une seule bibliothèque digne de ce nom sur la rue Sherbrooke, mon refuge du temps de l’École normale, une succursale sur l’Esplanade et quelques dépôts de livres ici et là. À Québec, l’Institut canadien tient une vétuste bibliothèque ouverte au public. Rien à Beauport, Charlesbourg, Sillery, etc. Dans la grande région de Québec, seule la ville de Sainte-Foy a une bibliothèque publique. Trois-Rivières et Shawinigan en ont aussi une, mais, de façon générale, il faut « aller chez les Anglais » pour trouver de vraies bibliothèques. »
Extrait du livre L’amour du livre de Denis Vaugeois
Pour donner un exemple de l’évolution, on compte 26 bibliothèques dans la ville de Québec en 2018.
La musique que Marie-Hélène écoute lorsqu’elle travaille
Marie-Hélène n’écoute pas de musique en travaillant, mais elle sifflote des vers d’oreilles. Son ver d’oreille ces jours-ci : Laisse tomber les filles de France Gall.
La chanson qui lui donne de l’énergie dans le temps des Fêtes (la plus grosse période pour les librairies) : Fuck Me, Ray Bradbury de Rachel Bloom.
Et une chanson en lien avec une de ses suggestions de lecture : Mr Bojangles de Nina Simone.
Les suggestions de lecture de Marie-Hélène Vaugeois
Chaque semaine, je demande aux invités de partager quelques suggestions de lecture. Voici celles de Marie-Hélène :
- N’essuie jamais de larmes sans gants | Jonas Gardell | Alto (en Coda) [Cliquez ici pour lire mon article]
- En attendant Bojangles | Olivier Bourdeaut | Folio [Cliquez ici pour lire mon article]
- Ici, ailleurs | Matthieu Simard | Alto
- Le renard roux de l’été | Françoise de Luca | Marchand de feuilles
- Casse-gueules | Émilie Turmel | Poètes de brousse
- The End | Zep | Rue de Sèvre
- Grosse | Lynda Dion | Hamac / Septentrion
➡ Cliquez ici pour contacter la Librairie Vaugeois.
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