Avez-vous déjà entendu parler de Madame Victoria, surnommée ainsi parce que son corps a été retrouvé près de l’Hôpital Royal Victoria en 2001 et qu’il n’a pas été identifié à ce jour? Dans ce livre, l’auteure rend hommage à cette femme inconnue en lui faisant vivre 11 histoires différentes, parfois crédibles, parfois éclatées.
Quelle excellente idée que d’avoir écrit et publié ce livre! Je ne me souviens pas d’avoir lu quelque chose de comparable. L’auteure aborde les notions d’identité et d’anonymat avec une plume sublime.
« À chaque enjambée, la chaleur de l’hôpital recule et la forêt se densifie. Elle croit voir luire les fruits d’un pommier, la surface d’un lac à travers les branches et les troncs. Elle entend ce qui ressemble à un rire, un hurlement de coyote. Puis elle ne perçoit plus que ses jambes qui s’enfoncent dans la neige, cette neige immaculée où s’impriment tant de secrets, de passages, de fugues et de filatures. »
« Après quarante-huit heures passées dans une vertigineuse immobilité, Victoria se décide à affronter le monde extérieur. Les artères sont grises et sales, humides malgré le temps sec; les gens sont vieux et agacés et refusent de la regarder. Elle n’aurait pas pu rêver mieux. Elle observe le fleuve et les bateaux, croise des dizaines d’églises sans les voir et grimpe sur la montagne. Tout bouge sans arrêt et, bizarrement, ce mouvement avec lequel elle n’a rien à voir la repose. Montréal est bancale et pleine d’interstices; s’y faire une place sera facile. Tout sera plus facile, maintenant. »
« À ses pieds, la ville pulsait encore, mais Victoria ne la voyait plus. Son monde tenait dans le creux de sa main. Il lui restait sa soif initiale, maintenant presque étanchée; le sentiment d’avoir à la fois perdu et triomphé, et surtout, d’être exactement là où il fallait. Ses doigts firent sauter le bouchon. Les vapeurs de son Eon Special Reserve montèrent comme des coups de griffes, et cette joie trop soudaine lui cassa les genoux. Forçant une ultime respiration à gonfler sa poitrine, elle offrit son visage au ciel et, prête pour une dernière conquête, fixa ses lèvres autour du goulot. Elle crut entendre un gong quelque part. Elle but. »
Autour de ces 11 portraits de femmes inspirantes, on en apprend sur la découverte du corps et sur l’enquête. Qui sait, ce roman va peut-être faire avancer ce dossier non résolu!
« L’enquête piétine. L’affaire est confiée à une anthropologue judiciaire et vedette du roman noir qui effectue de nouveaux tests sur le squelette, découvrant ainsi que Madame Victoria est une femme blanche âgée d’une cinquantaine d’années aux os affligés d’ostéoporose, aux articulations percluses d’arthrite, mais qui ne portent aucune marque pouvant indiquer une mort violente. Même si elles n’excluent pas un meurtre par empoisonnement ou strangulation, ces conclusions rassurent quelque peu Germain. Cette fin a peut-être été paisible, après tout. Sur les photos, il a remarqué la position du corps quand on l’a trouvé, un bras accroché à une branche, comme pour amortir une chute. Cette image qui donne à voir les derniers élans de la femme lui brise le cœur. »
« Au départ, Céleste était convaincue que retracer l’histoire de Madame Victoria serait un jeu d’enfant. Mais malgré la solidité de l’enquête et la portée nationale de l’avis de recherche, le dossier n’avant pas. Céleste commence à désespérer, et ses conversations avec les témoins s’en ressentent. Elles deviennent personnelles. »
J’ai pris plusieurs pauses tellement j’étais émue. Aussi, j’ai pris quelques pauses pour consulter mon dictionnaire. Catherine Leroux est clairement une amoureuse des mots et elle m’en a appris quelques-uns! Il s’agit tout de même d’une lecture accessible, n’ayez crainte!
Je me suis souvenue du coureur Denis Castonguay qui n’avait pas de carte d’identité sur lui et qui avait été identifié au bout de 2 jours en 2013… J’avais déjà l’habitude de traîner mon vieux permis de conduire pour mes sorties de course et de vélo. Je me souviens des discussions sur les groupes de course à ce sujet. Plusieurs ont été sensibilisés.
Et vous, avez-vous toujours une carte d’identité avec vous?
Madame Victoria
Catherine Leroux
Éditions Alto
ISBN : 978-2-89694-192-6
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Dernière mise à jour : 8 mai 2018
ça a l’air hyper intéressant. Personnellement j’ai toujours mes papiers sur moi oui 🙂
il me tente bien ce livre, je me bas justement pour que mon ado est toujours la sienne sur lui… Moi quand je part en vélo, dans mon sac dédié, j’ai une petite carte avec coordonnées et téléphone.
C’est un thème incontournable et quelle bonne idée de l’aborder de cette façon! ça donne envie de le lire!
Je trouve ca géniale de faire vivre la mémoire de cette femme à travers 11 histoires et peut être sans que l’auteure le veuille il y a du vrai dans ses récits
Ton article donne envie de l’acheter et je trouve ca géniale qu’en faisant un achat nous participation à un combat…
Et pour ma part j’ai très souvent mes papiers sur moi et ceux de mes enfants…
Le concept du livre est vraiment original et Ca attise ma curiosité.