Couverture du roman Métis Beach de Claudine Bourbonnais, publié chez Boréal.
Ce roman a été recommandé par Denis Vaugeois pendant l’émission Bouquins & Confidences sur son parcours.
Cliquez légèrement plus bas pour écouter la suggestion de lecture de Denis Vaugeois. ⤵️



Romain Carrier raconte son histoire pour rétablir les faits.

« Le passé est une arme redoutable dans les mains de nos ennemis. Nos paroles, nos gestes, qu’ils aient été délibérés ou non, nos erreurs de jeunesse : il y aura tôt ou tard quelqu’un pour les déterrer et nous les braquer sur la tempe.
Je m’étais juré de ne plus écrire; cela m’avait déjà coûté trop cher. Si je m’aventure dans cette histoire, la mienne, c’est pour rétablir la vérité et espérer qu’avec elle je pourrai retrouver ceux que j’aime et que j’ai perdus. Par ma faute. »

Romain Carrier, mieux connu sous le nom de Roman Carr, est le scénariste d’une série américaine très populaire. In Gad We Trust, la série qu’il a développé avec sa conjointe Ann, présente une famille qui se recycle dans le télévangélisme et qui utilise l’argent des fidèles à des fins… contradictoires. Par exemple, la fille du pasteur utilise une partie de l’argent pour se faire avorter à répétition, parce que la pilule fait engraisser. Imaginez comment c’est reçu!
Mais comme je l’ai dit, son nom légal est Romain Carrier. Il est originaire de Métis Beach au Québec, village qu’il a fui lorsqu’il avait 17 ans, en 1962. À 50 ans, il est finalement arrivé à un moment dans sa vie où il est heureux. Il assume le ton cinglant de In Gad We Trust et la controverse que ça suscite, même si certains lui disent que la série a quelque chose d’antiaméricain.
Et à 50 ans, en 1995, il est ramené aux événements tragiques qui l’ont fait fuir.
En 1995, il retourne temporairement au Québec. Il y retourne parce que la dernière volonté de Gail, une de ses ex, est de le revoir. D’abord hésitant, c’est Ann qui le convainc de faire un aller-retour à Montréal pour la revoir une dernière fois.
Et c’est à ce moment que sa vie bascule. Son ex lui révèle un secret puis s’éteint.
Pendant environ 450 pages, Romain nous raconte sa version de ce qui s’est passé. On se promène de Métis Beach à Los Angeles, en passant par New York et Calgary.

« Il fallait voir à quoi ressemblait Métis Beach à l’époque. Métis Beach et son satellite, notre village, que les Anglais appelaient le French Village. Quiconque le traversait n’en gardait pas un souvenir mémorable : une enfilade de constructions modestes en bois ou en bardeaux d’amiante, de minuscules pelouses piquées d’arbustes chétifs, malmenés par le vent du fleuve si large qu’on l’appelait la mer.
[…]
Métis Beach se trouvait à l’ouest, tout au bout de la rue Principale. On passait de la rue Principale à la rue Beach – c’était la même rue – comme dans un avion qui nous aurait transportés d’un pays maussade et terne à un autre, paradisiaque, éclatant. Pas besoin de pancarte ni de barrière pour savoir qu’on y entrait; s’est chargeaient les pins, les épinettes, les haies de cèdres centenaires à travers lesquelles on attrapait des parcelles de pelouses verdoyantes aux massifs de rosiers sauvages, de grandes demeures d’été tout en bois et leur court de tennis. Une vie de luxe, de bagnoles de luxe, des garden-parties à n’en plus finir, des parties de golf s’éternisant jusqu’au coucher du soleil. »

Sa relation avec sa mère change suite à son départ pour les États-Unis. 6 ans après son arrivée à New York, Romain reçoit sa visite. Et c’est pas mal chouette de découvrir New York avec les yeux de sa mère, elle qui n’était jamais allée plus loin que la ville de Québec.

« Ses yeux écarquillés dans le taxi qui nous conduisait à l’hôtel! Examinant comme à travers un judas les torrents de piétons qui s’entrecroisaient aux carrefours, s’attardant aux Noirs et aux jeunes femmes court-vêtues, les fixant effrontément. « Doux Jésus! » Elle leva les yeux, s’étira le cou pour espérer atteindre le sommet des édifices dans Park Avenue : « Tous ces gens habitent les uns par-dessus les autres? » Elle claqua la langue, se tourna vers moi, incrédule : « Tu sais comment ils font? » Et je riais. »

Je ne veux pas trop vous en dire, mais tout se tient et les dernières pages sont IMPOSSIBLES à déposer. À vous de prévoir vos moments de lecture en conséquence (dit la fille qui s’est couchée à 5 heures du matin).
J’avoue avoir été impatiente d’en savoir plus sur un événement en particulier, le fameux secret, mais après coup, je réalise que les « détours » étaient nécessaires. Autrement dit, j’ai été tenue en haleine pendant longtemps!
Je me suis fâchée pendant la lecture, parce que j’étais en sacrament en lisant certains événements qui se sont déroulés dans la vie de Romain et de ses proches. Mettons que j’étais contente d’être seule dans mon lit et que personne ne voit mon langage non verbal et mes exaspérations.
Tout au long de ma lecture, j’imaginais bien les descriptions, comme j’y étais, et ce sans être tannée de lire des descriptions. Un exploit!
J’attends avec impatience (la patience n’est pas ma vertu) le prochain Claudine Bourbonnais!

Métis Beach
Claudine Bourbonnais
Éditions du Boréal
ISBN : 978-2-7646-23053

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