[ + Audio 🎙 ] J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Erika Soucy, auteure, pendant environ une heure à l’émission Bouquins & Confidences. Dans cet article, je vous résume les grandes lignes de notre entretien et vous offre d’écouter l’émission en différé.

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J’ai présenté Erika Soucy comme une auteure, tout en me disant (et en disant à la radio) que c’est un peu réducteur parce qu’Erika est auteure et tellement d’autres choses (poétesse, scénariste, écrivaine, etc.). Elle est très à l’aise avec le terme auteure puisque ça résume bien ce qu’elle fait : écrire.

Dans les choses que vous ne savez peut-être pas, Erika fait de la poésie métal. Elle a participé à Poésie Oralité Musique Métal Écrit (P.O.M.M.E.), un projet un peu fou de Bertrand Laverdure. L’idée était de combiner poésie et speed metal en faisant appel au groupe Anonymus et à des poètes. J’ai eu la chance de voir Erika en prestation poétique métalleuse lors du lancement montréalais du vinyle.

Pour voir et entendre de quoi ça a l’air de la poésie métal, cliquez légèrement plus bas. ⤵️

Le résumé du parcours littéraire d’Erika

Erika commence à écrire sérieusement pendant ses études de théâtre et médias au Cégep de Trois-Rivières. Son premier recueil, Cochonner le plancher quand la terre est rouge, est publié aux Éditions Trois-Pistoles en 2010 pendant sa 3e année d’études au Conservatoire d’art dramatique de Québec.

La poésie lui permet de se rebeller et de prendre la parole sans contraintes. Elle participe à des soirées de lecture de poésie à Montréal et fait la connaissance d’une communauté de poètes, dont Catherine Cormier-Larose et Mathieu Arsenault.

Pendant l’entrevue, Erika nous a entre autres parlé de ses démarches pour être publiée, de la fondation du Off-Festival de poésie de Trois-Rivières, des différences entre écrire de la poésie et son roman Les murailles ainsi que de ses influences (Geneviève DesrosiersLes ColocsRéjean Ducharme, Gaétan Soucy et Carole David).

« Chaque fois que je lis du Carole David, j’apprends quelque chose. »

Erika Soucy, pendant l’entrevue

Les projets d’Erika

Erika planche sur un manuscrit de récit dont le titre de travail est Nécessiteuse. Provenant de la même pulsion d’écriture que son recueil Priscilla en hologramme, elle écrit sur la liberté, la pauvreté, la blessure et la violence. Ça m’a fait pensé au micro ouvert qu’elle a fait à l’émission Plus on est de fous, plus on lit! le 6 avril 2018.
Erika est aussi scénariste pour la série télé Léo de Fabien Cloutier.

L’adaptation théâtrale du roman Les murailles

En deuxième partie d’émission, nous avons parlé de l’adaptation de son roman Les murailles qui sera présentée au Théâtre Périscope du 9 au 20 avril 2019. Les billets sont en vente, si ça vous intéresse.

Erika adapte son propre roman pour le théâtre et jouera le rôle de la narratrice. Elle travaille sur la 7e version du texte (au moment de l’entrevue). Elle est la seule auteure de la pièce et elle collabore avec le metteur en scène Maxime Carbonneau.

L’adaptation théâtrale offre des possibilités qui étaient exclues du roman. Et l’adaptation théâtrale exige de faire des choix afin que la pièce soit rythmée et que sa durée soit raisonnable.

Pour ce qui est des droits d’auteur, les modalités varient selon le contrat d’édition. Souvent, il s’agit d’un pourcentage sur les billets vendus par soir ou d’un montant fixe par soir.

Erika a lu un extrait du roman, qui sera peut-être conservé tel quel dans la pièce. Cet extrait est encore plus puissant lorsqu’elle le lit.

« C’est faite. Je suis dans l’avion. Un Dash-8. J’ai l’air de connaître ça, mais pas pantoute, c’est juste écrit sur le dépliant dans la poche du siège d’en avant. Un Dash-8, ça sonne moins bas de gamme que je pensais. Ça fait moins peur… Un peu… Mettons que c’est moins pire que l’avion de brousse avec les portes qui ferment pas que je n’étais imaginé. Tu m’avais tellement dit que ce serait une petite machine…

J’ai le cœur gros. Je braillerais comme dans une scène de film avec un train qui part, mais je me retiens. C’est plein de goons autour qui partent pour quarante jours, je vais certainement pas pleurer pour même pas le quart de ça. Je regarde par la fenêtre pis je vois l’hélice. Quelqu’un qui passe en dessous quand ça tourne au sol, que je me dis, il se fait scalper c’est pas trop long. Je me change les idées.

Au décollage, t’étais là, l’autre bord de la grille, à côté d’une madame qui arrêtait pas de faire des tata. Elle était sûrement plus habituée que toi à ces départs-là. J’ai fait tata aussi, de mon hublot, en espérant que tu me verrais, Tu m’as envoyé la main rapidement, un coup. Tu faisais plus pitié que la madame. Le p’tit était pas avec toi. Je me suis dit qu’il devait dormir dans le char. Plein de temps entre vous autres tout seuls. Vous allez avoir du fun, je suis pas inquiète. Pensez pas trop à moi, là.

Je pars par pour La Romaine le cœur léger. Je suis pas grosse dans mes shorts. Je sais pas de quoi ça a l’air, je sis pas trop manuelle, j’ai même pas de permis de conduire. J’espère que les gars vont être cool avec moi.

Je suis en route pour les chantiers mythiques où c’est qu’y’a l’air de faire toujours frette : Mont-Wright, Eastmain, La Romaine… Du pareil au même quand j’étais ti-cul. Pis encore aujourd’hui… Des pays lointains qui nous transforment tranquillement de l’intérieur. Je suis en route vers le mur qu’il a construit et qui nous sépare encore, vers là où il a sauvé notre peau. Parce que l’absence, c’était notre méthadone pour passer au travers. « Faites-vous-en pas, votre père est su’l’bord de repartir », que maman disait au bout de dix jours.

T’aurais pas tort de m’accuser de courir après le trouble, mais j’ai trop de questions encore pour l’adulte que je deviens. Faut que j’aille comprendre qui il est. Faut que j’aille voir si c’est de sa faute. Si je peux encore croire qu’on était dans le même bateau, moi pis les amis d’école, orphelins toute la gang des chantiers de l’Hydro. Conçus fly in, élevés fly out. Je me suis promis de faire mieux que lui ; je commence par la base.

Papa s’attend à me voir à la fin de son shift. En vrai, c’est grâce à lui, tout ça. Ça a été trop facile. J’ai juste eu à dire que j’écrirais un livre de poésie là-dessus, sur sa vie de chantier, pis son boss me trouvait un vol pour Havre-Saint-Pierre, payé, en me faisant passer pour une commis de bureau. J’ai le cul béni, je le sais. Ben des journalistes aimeraient être à ma place, avec toute la marde qu’il y a depuis deux semaines à cause de la loi 33.

Dans mon siège, j’essaie de me détendre. Si je veux passer incognito parmi les gars, je suis mieux de pas me laisser aller à mon air de chevreuil sur l’autoroute. Je pense au cousin qui m’attend pour prendre une bière, à mon oncle qui va me faire visiter… De toute façon, les gars autour de moi s’en vont travailler. Une habitude, une carte à puncher… Les trois quarts me dorment dans’ face. »

Les murailles | Erika Soucy | VLB

La musique qu’Erika écoute lorsqu’elle travaille

Chacun des livres d’Erika a sa trame sonore d’écriture, ou du moins une chanson précise. Voici quelques exemples :

L’épiphanie dans le front  = Vertige | Karkwa

Les murailles = House Of The Rising Sun | Doc Watson

Priscilla en hologramme =

  • Jolene | Dolly Parton
  • Mamma Liked the Roses | Elvis Presley (c’est d’ailleurs les paroles en exergue dans le recueil)

Pour le récit en cours, c’est des vieux hits des années 90, dont Tubthumping de Chumbawamba.

Les suggestions de lecture d’Erika Soucy

Chaque semaine, je demande aux invités de partager quelques suggestions de lecture. Voici celles d’Erika :

 Cliquez ici pour contacter Erika Soucy.

L’invitée de la semaine prochaine sera Marie-Hélène Vaugeois, propriétaire de la Librairie Vaugeois.

Julie Collin
Fondatrice, blogueuse en chef et animatrice de l'émission

Libraire, chroniqueuse culturelle et animatrice, ma vie tourne pas mal autour des livres!

(Ma vie tourne aussi pas mal autour de la radio. La preuve : je suis diplômée en animation radiophonique et je veux en vivre.)

Je lis de tout, et partout. Sur papier et sur ma liseuse numérique.

Je parle de mes lectures simplement, comme j'en parle avec mes amis devant un verre ou une tasse. Sentez-vous bien à l'aise de vous préparer un breuvage. 😉

N’hésitez pas à commenter et/ou à me recommander des lectures.

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