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Émeutes | Vic Verdier

Couverture du roman Émeutes de Vic Verdier.
[ + Audio 🎙 ] Bonjour, mon nom est Julie Collin et j’ai la phobie du sang. Oui, phobie. Et pourtant, j’ai lu ce livre malgré sa couverture sanglante. Encore plus surprenant, j’ai aimé ça!
Avant de vous parler du livre, je vous mets un peu en contexte pour vous permettre de bien comprendre à quel point je suis délicate lorsqu’il est question de sang :

  • Je n’aime pas penser que j’ai des veines et du sang.
  • Il est à peu près impossible de parler de sang avec moi lorsque je suis debout. En passant, c’est irrespectueux et dangereux d’insister lorsque je demande de changer de sujet.
  • Je refuse de voir du sang à la télé et mon corps ne comprends pas que c’est du faux sang.
  • On m’a fortement recommandé de lire Olivier de la série Cobayes. Je l’ai loué à la bibliothèque et j’ai refusé que ce livre entre dans ma chambre à cause de l’image sur la couverture. Et à ce jour, je ne l’ai pas lu.
  • Je dois être couchée lors des prises de sang (en plus, j’ai la phobie des aiguilles).
  • Des infirmières ont déjà eu peur pour moi (et de moi) parce que je réagissais beaucoup lors des prises de sang dans mon enfance (maintenant, je me gère un peu mieux).
  • J’ai réussi à donner du sang une fois (en 2007) et j’en suis très fière parce que ça été un gros défi! Je sais que ça ne se reproduira plus et c’est bien correct.

Et juste pour rajouter à mon désintérêt à priori pour ce livre, je ne suis pas très hockey. Ok, je ne suis pas hockey pantoute.
Cela dit, pourquoi ai-je lu ce roman?
Vous vous souvenez des 200 entrevues avec des auteurs lors du Salon du livre de Montréal en novembre 2017? Émeutes est l’une des suggestions de l’auteure Marie Laporte.

Comme c’est arrivé à plusieurs reprises lors de ces courtes entrevues, la discussion s’est poursuivie après l’arrêt de l’enregistreuse. Et Marie a su me convaincre de le lire. Je l’ai donc inséré dans ma liste de 20 livres à lire en 2018.
J’ai attendu avant de le lire. J’avais peur d’avoir peur.
Puis j’ai osé.
Dès les premières pages, j’ai eu de la misère à le déposer ce livre. Le rythme est juste fou!
Vic Verdier (le personnage principal du roman) assiste au 7e match des séries qui oppose les Canadiens de Montréal et les Flames de Calgary au Centre Bell. Pour les non-hockey comme moi, c’est le match décisif pour gagner la Coupe Stanley. LE trophée du hockey professionnel en Amérique du Nord. (J’y connais tellement rien que j’ai peur de dire des niaiseries sur le hockey.)
Pour Vic Verdier le personnage du livre, ce soir tout est permis. Il veut passer une belle soirée avec sa fille aussi fan que lui du hockey. Il sait que dans quelques heures, il aura mis fin à ses jours.

« Au fond, Vic, se fout un peu du hockey. Il s’est juré de profiter au maximum de cette soirée, de tout faire pour que ces derniers moments passés avec sa fille soient lumineux et impérissables – exactement le contraire de ce qu’ils diront de lui quand ce sera… fait… une fois qu’on l’aura décroché de l’érable et mis dans une boîte. »

Pendant ce temps, plusieurs histoires se déroulent sous nos yeux en parallèle. On a entre autres des partisans enflammés, un immigrant en soif de vengeance, un blogueur polarisant, un premier ministre canadien qui ne semble pas aimer le Québec, une policière en choc post-traumatique, un gardien de but remplaçant qui est toujours dans l’ombre du gardien vedette et d’autres personnages qui ont leurs défis.

« Le poids du dispositif sous ses vêtements lui semble plus lourd avec chaque seconde qui passe. Il s’appuie sur le capot de sa voiture. Une certaine lassitude envahit son corps. Ce n’est pas le temps de plier l’échine. Djela se redresse. Une sorte de picotement lui parcourt la colonne. C’est une sensation qu’il connaît bien. C’est ce qu’il a ressenti, deux mois plus tôt, assis à sa table dans son misérable appartement, devant un bol de couscous fade. Juste avant de décider qu’il allait tuer la ministre McBride, ce picotement l’avait parcouru du bout des orteils au sommet du crâne. Maintenant, Djela l’accueille comme un vieil ami. »

Dans ce roman, on voit quelles sont les réactions qu’une foule peut avoir. On découvre les motivations personnelles des gens. Et on voit comment ils réagissent dans les situations stressantes.
Vous vous souvenez des émeutes en 1993 lors que les Canadiens de Montréal ont gagné la Coupe Stanley? Ce roman est une transposition de ce que ça pourrait avoir l’air ces années-ci avec des tweets incendiaires et tout l’kit.

« @PM_Canada : The only good thing going for Montreal is Mitch Nelson… and he’s from Halifax. / Le seul bon point pour Montréal est Mitch Nelson… et il vient de Halifax. #QcLosersAgain. »

« @PM_Canada : Bell Centre feels like the Plains of Abraham tonight. I love it! / Le Centre Bell ressemble aux Plaines d’Abraham ce soir. J’adore! »

Il y a de l’action dans le Centre Bell et dans les alentours. Et du sang aussi, bien sûr.
À la toute fin du livre, Vic Verdier l’auteur nous donne des informations supplémentaires sur les foules et sur ce qui s’est déroulé dans le passé à Montréal un 9 juin.

« Mais vous en avez fait l’expérience, vous aussi. Comme moi, comme d’autres. Immergé dans la foule, quand l’énergie partagée de ces centaines, de ces milliers de personnes rassemblées semblent remonter du sol et parcourir votre squelette jusque dans votre cage thoracique, comme une onde puissante qui vous ferait vibrer… vous avez déjà ressenti que la foule pourrait vous emporter. N’est-ce pas?
Est-ce que ce sentiment est attribuable au seul fait d’avoir l’impression de se fondre dans un groupe plus grand que soi? Est-ce plutôt que les multitudes de décisions individuelles s’interinfluencent pour générer une forme de chaos qui nous enivre? »

Comprenez-vous pourquoi j’ai aimé ce livre malgré ma peur de sang et mon désintérêt pour le hockey? Et vous, avez-vous peur de lire certains livres?

Émeutes
Vic Verdier
Les éditions Joey Cornu
ISBN : 978-29229-76526

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2 Commentaires

  1. Réjeanne Labrie

    Je me rappelle lorsque j’avais lu Misery de Stéphan King , j’avais eu peur.
    surtout lorsque je lisais le soir.

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